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CHAPITRE VIII

— Mon pauvre garçon, j’oubliais que vous veniez de prendre le thé.

— Mais c’est que vous ne haletez pas du tout ! fut son éloge.

— Non, mon ami, pas plus qu’un oiseau. Vous auriez aussi bien pu essayer d’attraper un oiseau.

Le jeune Crossjay hochait la tête : « Attendez que j’aie repris haleine. »

— Avouez que les filles courent plus vite que les garçons.

— Peut-être, au départ.

— Elles font tout mieux que les garçons.

— Elles chantent dans la poêle.

— Elles apprennent leurs leçons.

— Est-ce qu’on peut en faire des marins ou des soldats ?

— Vraiment ? Vous ne savez donc rien ? Et Mary Ambree ? Et Mistress Hannah Snell de Pondichéry ? Et la fiancée du célèbre William Taylor ? Qu’est-ce que vous dites de Jeanne d’Arc ? de Boadicée ? Vous n’avez jamais entendu parler des Amazones ?

— Ce n’étaient pas des Anglaises.

— Alors ce sont vos compatriotes que vous décriez, Monsieur !

Le jeune Crossjay, quelque peu décontenancé, la priait de lui dire l’histoire de Mary Ambree et des autres qui étaient des Anglaises.

— Voilà ! Vous ne voulez pas lire. Vous êtes fainéant avec Mr Whitford et vous ne savez rien de l’histoire de votre pays.