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L’ÉGOÏSTE


CHAPITRE VIII


Une course avec le fainéant. Une promenade
avec le maître.

Voyant courir Miss Middleton, le jeune Crossjay se sentit enflammé de la passion du jeu « du lièvre et du lévrier ». Il fanfara la vue et bondit sur pied. Elle était leste ; elle courait comme si une centaine de petits pieds la mettaient en mouvement. Un mouvement égal comme l’eau sur la pelouse, l’ondulation du gazon dans le parc, et vivement les petits petons cachés sous la robe, se multipliaient pour la pousser en avant. Si séduisante, que le garçon traduisait son admiration, selon son âge, par une frénésie canine de poursuite, et continuait la randonnée, quoique bien en arrière, déterminé à la forcer ou à mourir. Soudain sa fuite se ralentit en une douzaine de petits pas ; elle s’arrêta. Le jeune Crossjay l’atteignit avec juste assez de souffle pour lui dire : « Vous êtes une rude coureuse ! »