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Demain, quand le Mal sera vaincu,
L’arc-en-ciel de l’ère rêvée
Se lèvera :
Il se lèvera, de nouveau,
Du sommet de ton majestueux Ararat,
Ô pays de douleur et de foi !
Il se lavera et s’étendra et luira
Sur une humanité nouvelle,
Sur une humanité lavée des souillures du crime.

Et lorsque les nuages de cet orage effroyable
Seront dissipés,
Lorsque le ciel fera briller un azur sans tache,
— Les vents, alors, deviendront harpes
Et violes d’amour
Pour chanter le triomphe de l’Esprit, —
Les nations qui luttent pour la Liberté
Viendront toutes te saluer, ô peuple d’Arménie,
Antique symbole de l’Âme invincible,
Et poseront sur ton front ensanglanté
L’impérissable laurier…

Tu te lèveras, alors, du milieu de tes ruines,

Tu te redresseras de toute la hauteur de ta taille de séculaire héroïne,

Et tes vieilles mains, tes bonnes mains, étendues,
Béniront le monde rénové.


Paris, janvier 1916.
archag tchobanian.
(Traduit de l’arménien par l’auteur.)