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BOUVARD ET PÉCUCHET
SONT-ILS DES IMBÉCILES ?

Las de toutes leurs tentatives avortées, rebutés par des essais sans nombre et tous également malheureux, injuriés par les ingrats Chavignollais qu’ils convient, à une conférence, devenus ennemis d’un peuple dont ils souhaitaient pourtant le bien, menacés enfin d’arrestation, Bouvard et Pécuchet conviennent que les meilleurs jours de leur vie, ils les doivent encore à la sandaraque et à l’écritoire. Décidant alors de « copier comme autrefois », ils font aussitôt confectionner par le menuisier Gorju un bureau à double pupitre. Et le plan de Flaubert — car nous n’avons malheureusement que le sommaire de ces derniers épisodes, — s’achève par ces mots :

Ils s’y mettent.

Mais cette indication « copier comme autrefois » pose un problème. Qu’allaient-ils donc copier ?

À cette question, pas plus les notes suivant le texte de Bouvard et Pécuchet, dans l’édition Conard, que la thèse soutenue en Sorbonne par M. E.-L, Ferrère, et publiée sous ce titre : Le Dictionnaire des Idées reçues[1], pour ne parler que des travaux les plus récents, n’apportent une réponse satisfaisante.

Le problème a été repris par M. René Descharmes, dans un très judicieux article de la Revue d’Histoire littéraire de la France, dont j’ai sous les yeux les bonnes feuilles.

Le roman devait avoir deux volumes, et l’on a dit un peu

  1. Paris, L. Conard, in-4°, 1913.