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LE POUVOIR RELIGIEUX AU THIBET

religion proprement dite. Des sorciers, du genre des shamans de la Sibérie, évoquaient les génies pour connaître l’avenir, conjuraient les démons afin de les empêcher de nuire et se livraient à toutes les pratiques de nécromancie généralement usitées parmi les anciennes populations de race jaune. Or, rapporte la tradition, il arriva que, vers l’an 337, quatre objets tombèrent miraculeusement du ciel sur la terrasse du palais royal. C’étaient : 1o le simulacre de deux mains jointes ; 2o une châsse renfermant une pierre précieuse sur laquelle se trouvait gravée la fameuse formule : Aum mani padme om (c’est le cintamani, le joyau magique) ; 3o la représentation d’un chorten (petit édifice où l’on conserve des reliques) ; 4o un traité de morale religieuse, extrait du Khandjour : le « Vaisseau construit » (Zamatog).

Cet envoi mystérieux, dont nul ne pouvait expliquer la provenance ni le sens, était soigneusement conservé dans le trésor des souverains, lorsque l’un d’eux, le roi Lha-to-to-ri, ou Totori Nyan-tsan, vit, un jour, apparaître devant lui cinq étrangers qui lui révélèrent la signification des objets symboliques dont il était possesseur, puis disparurent soudainement sans laisser la moindre trace.

Ces faits, comme la plupart des épisodes légendaires, se placent à une époque indéterminée (vers le IIIe ou le IVe siècle). Il est possible que, dès cette époque, des missionnaires hindous ou chinois aient déjà pénétré au Thibet[1] ; toutefois, d’après des données historiques plus sérieuses, l’établissement réel du Bouddhisme dans le pays date d’une époque beaucoup plus rapprochée de nous (VIIe siècle).

Le monarque régnant sur le Thibet se nommait alors Sron-btsan-sgam-po. Déjà prévenu favorablement pour le Bouddhisme, il envoya dans l’Inde son ministre Thoumi-Sambhota accompagné de seize savants du royaume. Les émissaires avaient pour mission d’étudier les Écritu-

  1. Une première tentative de prédication bouddhique semble, en effet, avoir eu lieu dans le courant du IIe siècle avant notre ère.