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dynamite ou d’autres explosifs, avant qu’il ne soit suffisamment refroidi pour permettre aux Marsiens d’en sortir ; ou bien, on pourrait les massacrer à coups de canon, dès que le couvercle serait dévissé. Il me paraît que, par l’échec de leur première surprise, ils ont perdu un avantage énorme, et peut-être aussi voient-ils la chose sous le même jour.

Lessing a donné d’excellentes raisons de supposer que les Marsiens ont effectivement réussi à faire une descente sur la planète Vénus. Il y a sept mois, Vénus et Mars étaient sur une même ligne avec le soleil, c’est-à-dire que, pour un observateur placé sur la planète Vénus, Mars se trouvait en opposition. Peu après, une trace particulièrement sinueuse et lumineuse apparut sur l’hémisphère obscur de Vénus, et, presque simultanément, une trace faible et sombre, d’une similaire sinuosité, fut découverte sur une photographie du disque Martien. Il faut voir les dessins qu’on a faits de ces signes, pour apprécier pleinement leurs caractères remarquablement identiques.

En tout cas, que nous attendions ou non une nouvelle invasion, ces événements nous obligent à modifier grandement nos vues sur l’avenir des destinées humaines. Nous avons appris, maintenant, à ne plus considérer notre planète comme une demeure sûre et inviolable pour l’homme : jamais nous ne serons en mesure de prévoir quels biens ou quels maux invisibles peuvent nous venir tout à coup de l’espace. Il est possible que, dans le plan général de l’univers, cette invasion ne soit pas pour l’homme sans utilité finale ; elle nous a enlevé cette sereine confiance en l’avenir, qui est la plus féconde source de la décadence ; elle a fait à la science humaine des dons inestimables, et contribué dans une large