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et brisé, les os blanchis du cheval, épars et rongés. Je demeurai là un instant, à examiner ces vestiges.

Puis, je repris mon chemin à travers le bois de sapins, en certains endroits enfoncé jusqu’au cou dans l’Herbe Rouge ; le cadavre de l’hôtelier du Chien-Tigré n’était plus à la place où je l’avais vu, et je pensai qu’il avait déjà dû être enterré ; je revins ainsi chez moi en passant par College Arms. Un homme, debout contre la porte ouverte d’un cottage, me salua par mon nom, quand je passai devant lui.

Avec un éclair d’espoir, qui se dissipa immédiatement, je regardai ma maison. La porte avait été forcée ; elle ne tenait plus fermée, et, au moment où j’approchai, elle s’ouvrit lentement.

Elle se referma soudain en claquant. Les rideaux de mon cabinet flottaient au courant d’air de la fenêtre ouverte, la fenêtre de laquelle l’artilleur et moi avions guetté l’aurore. Depuis lors, personne ne l’avait fermée. Les bouquets d’arbustes écrasés étaient encore tels que je les avais laissés quatre semaines auparavant. Je trébuchai dans le vestibule et la maison sonna le vide. L’escalier était taché et sale à l’endroit où, trempé jusqu’aux os par l’orage, je m’étais laissé tomber, la nuit de la catastrophe. En montant, je trouvai les traces boueuses de nos pas.

Je les suivis jusqu’à mon cabinet ; là, sous la sélénite qui me servait de presse-papiers, étaient encore les feuilles du manuscrit que j’avais laissé interrompu, l’après-midi où le cylindre s’ouvrit. Je parcourus ma dissertation inachevée.

C’était un article sur « Le Développement des Idées Morales et les Progrès de la Civilisation ». La dernière phrase