Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/740

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de métal brillant, ils étincelaient dans la gloire du soleil levant.

Tout autour de cette fosse, sauvée comme par miracle d’une éternelle destruction s’étendait la grande métropole. Ceux qui n’ont vu Londres que voilé de ses sombres brouillards fumeux peuvent difficilement s’imaginer la clarté et la beauté qu’avait son désert silencieux de maisons.

Vers l’est, au-dessus des ruines noircies d’Albert Terrace et de la flèche rompue de l’église, le soleil scintillait, éblouissant, dans un ciel clair, et ici et là, quelque vitrage, dont l’immensité des toits reflétait les rayons avec une aveuglante intensité. Il inondait de clarté les quais et les immenses magasins circulaires de la gare de Chalk Farm, les vastes espaces, veinés auparavant de rails noirs et brillants, rouges maintenant de la rouille rapide de quinze jours de repos, et il y avait sur tout cela quelque chose du mystère de la beauté.

Au nord, vers l’horizon bleu, Kilburn et Hampstead s’étendaient, avec leurs multitudes de maisons. À l’ouest, la grande cité était encore dans l’ombre, et vers le sud, au-delà des Marsiens, les prés verts de Regent’s Park, le Langham Hotel, le dôme de l’Albert Hall, l’Institut impérial, les maisons géantes de Brompton Road se détachaient avec précision dans le soleil levant tandis que les ruines de Westminster surgissaient d’une légère brume. Plus loin encore, s’élevaient les collines bleues du Surrey et les tours du Palais de Cristal étincelantes comme deux baguettes d’argent. La masse de Saint Paul’s faisait une tache sombre sur le ciel, et sur le côté ouest du dôme, je vis alors un immense trou béant.

En contemplant cette vaste étendue de maisons,