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des rats. Le principal, c’est de conserver notre savoir et de l’augmenter encore. Alors, c’est là que des gens comme nous deviennent utiles. Il y a des livres, il y a des modèles. On aménagerait des locaux spéciaux, en lieu sûr, très profonds, et on y réunirait tous les livres qu’on trouverait ; pas de sottises, ni romans, ni poésie, rien que des livres d’idées et de science. On pourrait s’introduire dans le British Museum et y prendre tous les livres de ce genre. Il nous faudrait spécialement maintenir nos connaissances scientifiques — les étendre encore. On observerait ces Marsiens. Quelques-uns d’entre nous pourraient aller les espionner, quand ils auraient tout organisé ; j’irai peut-être moi-même. Il faudrait se laisser attraper, pour mieux les approcher je veux dire. Mais le grand point, c’est de laisser les Marsiens tranquilles ; ne jamais rien leur voler même. Si on se trouve sur leur passage, on leur fait place. Il faut montrer que nous n’avons pas de mauvaises intentions. Oui, je sais bien ; mais ce sont des êtres intelligents, et s’ils ont tout ce qu’il leur faut, ils ne nous réduiront pas aux abois et se contenteront de nous considérer comme une vermine inoffensive.

L’artilleur s’arrêta et posa sa main bronzée sur mon bras.

— Après tout, continua-t-il, il ne nous reste peut-être pas tellement à apprendre avant de… Imaginez-vous ceci : quatre ou cinq de leurs machines de combat qui se mettent en mouvement tout à coup — les Rayons Ardents dardés en tous sens — et sans que les Marsiens soient dedans. Pas de Marsiens dedans, mais des hommes — des hommes qui auraient appris à les conduire. Ça pourrait être de mon temps, même — ces hommes !