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mercvre de france—iii-1900

Pendant un instant, je crus que l’humanité avait été entièrement détruite et que j’étais maintenant, debout dans ce jardin, le seul être humain qui ait survécu. Au sommet de la colline de Putney, je passai non loin d’un autre squelette dont les bras étaient disloqués et se trouvaient à quelques mètres du corps. À mesure que j’avançais, j’étais de plus en plus convaincu que, dans ce coin du monde et à part quelques traînards comme moi, l’extermination de l’humanité était un fait accompli. Les Marsiens, pensais-je, avaient continué leur route, abandonnant la contrée désolée et cherchant ailleurs leur nourriture. Peut-être même étaient-ils maintenant en train de détruire Berlin ou Paris, ou bien, il pouvait se faire aussi qu’ils aient avancé vers le Nord…



vii

L’HOMME DE PUTNEY HILL


Je passai la nuit dans l’auberge située au sommet de la côte de Putney, où, pour la première fois depuis que j’avais quitté Leatherhead, je dormis dans des draps. Je ne m’attarderai pas à raconter quelle peine j’eus à pénétrer par une fenêtre dans cette maison, peine inutile puisque je m’aperçus ensuite que la porte d’entrée n’était fermée qu’au loquet, ni comment je fouillai dans toutes les chambres, espérant y trouver de la nourriture, jusqu’à ce que, au moment même où je perdais tout espoir, je découvris, dans une pièce qui me parut être une chambre de domestique, une croûte de pain rongée par les rats et deux boîtes d’ananas conservés. La maison avait été déjà explorée et vidée. Dans le bar, je finis par mettre la main sur