Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’atmosphère de l’esprit. En assainissant, après Schopenhauer, la Critique de la raison pure, en lui restituant son sens intégral et toute sa force de destruction, en s’opposant d’autre part au pessimisme, en montrant, par delà les ruines de l’ancienne métaphysique, la Vie continuant avec plus d’ardeur son évolution, par-dessus tout, en enseignant la valeur du non-vrai, Nietzsche a réconcilié pour un temps l’Instinct de Connaissance avec l’Instinct vital. Il rend possible par ce contrat provisoire, en faisant accepter une philosophie de la Connaissance pure, le règne d’une modalité scientifique qui, parmi toutes les formes de l’illusion, semble la plus nouvelle et la plus riche en promesses, celle qui inspirant le plus de confiance à l’élite de l’humanité, semble la plus apte à assurer des réalisations nouvelles et curieuses du phénomène Vie.