Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus avancé, à celui qui a pris une conscience scientifique des attitudes d’utilité de la race, qu’il appartient de veiller à ce qu’aucun élément étranger ne vienne compromettre la vitalité de la race, et jeter l’anarchie dans son organisme. C’est là dans le domaine de l’action, la tâche la plus immédiate et la moins douteuse de ce groupe purement intellectuel. Seul indemne de tout préjugé religieux, il est seul capable d’apprécier la valeur organique du préjugé religieux. Il devra donc prendre soin que la religion particulière adoptée par la race à l’époque où elle a fait sa fermentation religieuse demeure religion d’état, celle offerte à tous ceux-là dont le cerveau est conformé de façon à puiser encore dans la fiction religieuse l’aliment moral particulier à la race. C’est le fait d’une basse sentimentalité philosophique d’imaginer que les religions diffèrent entre elles par le degré de leur vérité, qu’elles aient une réalité véritable une fois détachées de l’organisme ethnique qui les a produites. Mais tous les esprits scientifiques, à quelque groupe qu’ils appartiennent, savent que la religion est un fait physiologique, en sorte qu’un peuple qui se laisse imposer la religion d’un autre peuple est un peuple vaincu par un autre dans son intimité physiologique.

Le groupe le plus intellectuel de toute société veillera avec le même soin à la conservation de la coutume parce qu’elle est un deuxième état de la morale. Il est vrai que l’ampleur de l’Intelligence. consiste à connaître, c’est-à-dire à se donner en spectacle, un grand nombre d’attitudes mentales différentes, attributs d’une infinité d’organismes ; mais la force et la santé de l’Intelligence, et sa vertu critique, consistent à ne pas perdre de vue que con-