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ture la sensibilité particulière du groupe, l’intervention de ces esprits libres est seule capable de retirer des fictions anciennes prêtes à sombrer, tout ce qu’elles contenaient d’utile et d’essentiel. Seuls, ces esprits parce qu’ils sont indemnes, ainsi que de toute autre croyance, de la croyance nouvelle à la Vérité, ne tiennent pas rigueur à ces fictions de ce qu’elles ont cessé de paraître vraies. Sous leur travestissement idéologique de vérités, dont ils ne furent point dupes, ils n’ont jamais manqué de reconnaître leur réalité physiologique. Elles seront donc pour eux des documents auxquels ils auront recours pour définir et reconstituer l’ensemble des attitudes d’utilité particulières à la race et qui composent sa morale. Ils restitueront ainsi au groupe, menacé d’une dissociation, un idéal de lui-même, un exemplaire de son type normal propre à le fortifier. Il apparaît alors qu’avec la philosophie de la Connaissance l’énergie physiologique de la race, si elle ne crée plus une morale dont elle a déjà engendré tous les éléments, se donne avec la conscience de l’esprit scientifique un moyen nouveau de s’objectiver. Dans une société où la mentalité supérieure que l’on vient de décrire serait devenue prépondérante, il est vraisemblable que cette considération d’un type normal, représentatif de la beauté et de la santé du groupe, se montrerait pourvue d’une efficacité égale à celle des fictions anciennes pour tirer de l’énergie sociale son plus grand effort. Pour qui tient avec Nietzsche le non-vrai comme une condition de vie, ce pourrait être l’objet d’une recherche nouvelle que de déterminer le mensonge, ou tout au moins le principe d’illusion, en lequel s’objectiverait ce point de vue scientifique et auquel se reconnaîtrait son efficacité.