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lutte, conflit, appréciation, et fixation de valeurs.

Or toutes les erreurs et tous les malentendus propagés involontairement ou d’une façon préméditée par la philosophie ont pour cause l’application à l’une de ces deux catégories — être et connaissance — du principe qui régit l’autre. C’est ainsi que les métaphysiques et les morales qui dépendent de la catégorie de l’Etre ont été transportées dans la catégorie de la Connaissance. En raison de cette confusion, on a voulu les réduire à une identité qu’elles repoussent expressément, on a voulu les apprécier et les juger au moyen d’un critérium de vérité dont elles ne relèvent aucunement et qui ne saurait les atteindre. Cette confusion est l’œuvre du rationalisme. Ce terme cependant ne devrait pas désigner autre chose que le système logique des lois de la raison ; mais il a été détourné par l’usage de son sens authentique au point que l’on est contraint de n’y plus voir que l’erreur grossière qui y fut introduite et qu’il n’a plus d’autre emploi que de la désigner.

Si l’on persistait à situer, avec le rationalisme, les métaphysiques et les morales dans le monde de la Connaissance formelle, comme il est impossible d’établir leur vérité, il serait nécessaire de nier qu’elles existent. Mais la philosophie de la Connaissance ne saurait consacrer pareille confusion. Elle les retire donc de la Catégorie formelle où vainement on a cru les reléguer et, les considérant sous la catégorie d’existence, elle les regarde, non plus sous le jour de la vérité, mais sous le jour de la réalité — et les découvre aussitôt.

Partout en effet où la vie humaine apparaît, elle se montre accompagnée de métaphysiques et de morales. Les métaphysiques et les morales se ma-