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tolérable, puis j’entendis remuer le loquet. Il avait trouvé la porte ! Le Martien comprenait les serrures !

Il ferrailla un instant et la porte s’ouvrit.

Des ténèbres où j’étais, je pouvais juste apercevoir l’objet, ressemblant à une trompe d’éléphant plus qu’à autre chose, s’agitant de mon côté, touchant et examinant le mur, le charbon, le bois, le plancher. Cela semblait être un gros ver noir, agitant de côté et d’autre sa tête aveugle.

Une fois même, il toucha le talon de ma bottine. Je fus sur le point de crier, mais je mordis mon poing. Pendant un moment, il ne bougea plus : j’aurais pu croire qu’il s’était retiré. Tout à coup, avec un brusque déclic, il agrippa quelque chose — je me figurai que c’était moi ! — et parut sortir de la soute. Pendant un instant, je n’en fus pas sûr. Apparemment, il avait pris un morceau de charbon pour l’examiner.

Je profitai de ce moment de répit pour changer de position, car je me sentais engourdi, et j’écoutai. Je murmurais des prières passionnées pour échapper à ce danger.

Soudain, j’entendis revenir vers moi le même bruit lent et net. Lentement, lentement, il se rapprocha, raclant les murs et heurtant le mobilier.

Pendant que je restais attentif, doutant encore, la porte de la soute fut vigoureusement heurtée et elle se ferma. J’entendis le tentacule pénétrer dans l’office ; il renversa des boîtes à biscuits, brisa une bouteille et il y eut encore un choc violent contre la porte de la soute. Puis le silence revint, qui se continua en une attente infinie.

Était-il parti ?

À la fin, je dus conclure qu’il s’était retiré.

Il ne revint plus dans la laverie, mais pendant