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silencieuses mais éloquentes. Il voulait aussi regarder par la fente devant laquelle on ne pouvait se mettre qu’un à la fois et je dus, tandis que le vicaire jouissait de ce privilège, interrompre pendant un moment mes observations.

Quand je revins à mon poste, l’active machine avait déjà assemblé plusieurs des pièces qu’elle avait retirées du cylindre et le nouvel appareil qu’elle construisait prenait une forme d’une ressemblance évidente avec la sienne, vers le bas à gauche se voyait maintenant un petit mécanisme qui lançait des jets de vapeur verte en tournant autour du trou, fort occupé à régulariser l’ouverture, creusant, extrayant et entassant la terre avec méthode et discernement. C’était là la cause des battements réguliers et des chocs rythmiques qui avaient fait pendant longtemps trembler notre refuge. Tout en travaillant, il faisait entendre une sorte de sifflement incessant. Autant que je pus m’en rendre compte, la machine allait seule, sans être nullement dirigée par un Marsien.



iii

LES JOURS D’EMPRISONNEMENT


L’arrivée d’une seconde machine de combat nous fit abandonner notre lucarne pour nous retirer dans la laverie, car nous avions peur que, de sa hauteur, le Marsien pût nous apercevoir derrière notre barrière. Plus tard, nous nous sentîmes moins en danger d’être découverts, car, pour des yeux éblouis par l’éclat du soleil, notre refuge devait sembler un impénétrable trou de ténèbres ; mais tout d’abord, au moindre mouvement d’approche, nous regagnions en hâte la laverie, le cœur battant à tout rompre.