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la psychologie et à ce sujet je suis convaincu — aussi fermement qu’il est possible de l’être — que les Marsiens échangeaient leurs pensées sans aucun intermédiaire physique, et j’ai acquis cette conviction malgré mes doutes antérieurs et de fortes préventions. Avant l’invasion marsienne, comme quelque lecteur se rappellera peut-être, j’avais, avec quelque véhémence, essayé de réfuter la transmission de la pensée et les théories télépathiques.

Les Marsiens ne portaient aucun vêtement. Leurs idées sur le décorum et les ornements extérieurs étaient nécessairement différents des nôtres et ils n’étaient pas seulement beaucoup moins sensibles aux changements de température que nous ne le sommes, mais les changements de pression atmosphérique ne semblent pas avoir sérieusement affecté leur santé. Pourtant, s’ils ne portaient aucun vêtement, d’autres additions artificielles à leurs ressources corporelles leur donnaient une grande supériorité sur l’homme. Nous autres, humains, avec nos cycles et nos patins de route, avec les machines volantes Lilienthal, avec nos bâtons et nos canons, ne sommes encore qu’au début de l’évolution au terme de laquelle les Marsiens sont parvenus. En réalité, ils se sont transformés en simples cerveaux, revêtant des corps divers suivant leurs besoins différents, de la même façon que nous revêtons nos divers costumes et prenons une bicyclette pour une course pressée ou un parapluie s’il pleut. Rien peut-être, dans tous leurs appareils, n’est plus surprenant pour l’homme que l’absence de la roue, ce trait dominant de presque tous les mécanismes humains. Parmi toutes les choses qu’ils apportèrent sur la Terre, rien n’indique qu’ils emploient le cercle. On se serait attendu du moins à le trouver dans leurs appareils