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bles à nous, par suite d’un développement graduel du cerveau et des mains — ces dernières se transformant en deux faisceaux de tentacules — aux dépens du reste du corps. Sans le corps, le cerveau deviendrait naturellement une intelligence plus égoïste, ne possédant plus rien du substratum émotionnel de l’être humain.

Le dernier point saillant par lequel le système vital de ces créatures différait du nôtre pouvait être regardé comme un détail trivial et sans importance. Les micro-organismes, qui causent, sur Terre, tant de maladies et de souffrances, étaient inconnus sur la planète Mars, soit qu’ils n’y aient jamais paru, soit que la science et l’hygiène martiennes les aient éliminés depuis des âges. Des centaines de maladies, toutes les fièvres et toutes les contagions de la vie humaine, la tuberculose, les cancers, les tumeurs et autres états morbides n’intervinrent jamais dans leur existence, et puisqu’il s’agit ici de différences entre la vie à la surface de la planète Mars et la vie terrestre, je puis dire un mot des curieuses conjectures faites au sujet de l’Herbe Rouge.

Apparemment, le règne végétal dans Mars, au lieu d’avoir le vert pour couleur dominante, est d’une vive teinte rouge sang. En tous les cas, les semences que les Martiens — intentionnellement ou accidentellement — apportèrent avec eux donnèrent toujours naissance à des pousses rougeâtres. Seule pourtant, la plante connue sous le nom populaire d’Herbe Rouge réussit à entrer en compétition avec les végétations terrestres. La variété rampante n’eut qu’une existence transitoire et peu de gens l’ont vue croître. Néanmoins, pendant un certain temps, l’Herbe Rouge crût avec une vigueur et une luxu-