Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partir même des tuniciers, ces premiers cousins des vertébrés, les deux procédés coexistent, mais généralement la méthode sexuelle l’emporte sur l’autre. Pourtant, sur la planète Mars, le contraire apparemment se produit.

Il est intéressant de faire remarquer qu’un certain auteur, d’une réputation quasi scientifique, écrivant longtemps avant l’invasion martienne, prévit pour l’homme une structure finale qui ne différait pas grandement de la condition véritable des Martiens. Je me souviens que sa prophétie parut, en novembre ou en décembre 1892, dans une publication depuis longtemps défunte, le Pall Mall Budget, et je me rappelle à ce propos une caricature, publiée dans un périodique comique de l’époque anté-marsienne : Punch. L’auteur expliquait, sur un ton presque facétieux, que le perfectionnement incessant des appareils mécaniques devait finalement amener la disparition des membres, comment la perfection des inventions chimiques devait supprimer la digestion, comment des organes tels que la chevelure, la partie externe du nez, les dents, les oreilles, le menton, ne seraient bientôt plus des parties essentielles du corps humain et comment la sélection naturelle amènerait leur diminution progressive dans les temps à venir. Le cerveau restait une nécessité cardinale. Une seule autre partie du corps avait des chances de survivre, et c’était la main, « moyen d’information et d’action du cerveau ».

Beaucoup de vérités ont été dites en plaisantant, et nous possédons indiscutablement dans les Marsiens l’accomplissement réel de cette suppression du côté animal de l’organisme par l’intelligence. Il est, à mon avis, absolument admissible que les Martiens peuvent descendre d’êtres assez sembla-