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le couvercle et apparemment renforçaient les parois du cylindre. À mesure que les tentacules les prenaient, tous ces objets étaient déposés sur un tertre aplani.

Le mouvement de la machine était si rapide, si complexe et si parfait que, malgré les reflets métalliques, je ne pus croire au premier abord que ce fût un mécanisme. Les engins de combat étaient coordonnés et animés à un degré extraordinaire, mais rien en comparaison de ceci. Ceux qui n’ont pas vu ces constructions, et n’ont pour se renseigner que les imaginations inexactes des dessinateurs, ou les descriptions forcément imparfaites de témoins oculaires, peuvent difficilement se faire une idée de l’impression d’organismes vivants qu’elles donnaient.

Je me rappelle les illustrations de l’une des premières brochures qui prétendaient donner un récit complet de la guerre. Évidemment, l’artiste n’avait fait qu’une étude hâtive des machines de combat et à cela se bornait sa connaissance de la mécanique martienne. Il avait représenté des tripodes raides, sans aucune flexibilité ni souplesse, avec une monotonie d’effet absolument trompeuse. La brochure qui contenait ces renseignements eut une vogue considérable et je ne la mentionne ici que pour mettre le lecteur en garde contre l’impression qu’il en peut garder. Tout cela ne ressemblait pas plus aux Martiens que je vis à l’œuvre qu’un poupard de carton ne ressemble à un être humain. À mon avis, la brochure eût été bien meilleure sans ces illustrations.

D’abord, ai-je dit, la Machine à Mains ne me donna pas l’impression d’un mécanisme, mais plutôt d’une créature assez semblable à un crabe, avec un tégu-