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L’ENFANT MALADE

pousse. Pour maman, l’espoir surtout la poussait. Un saint-bois agit parce qu’il attire l’humeur. Pourquoi ne la transporterait-il pas à l’endroit que l’on aurait choisi ? Sur un bras de mon enfant si je mettais un saint-bois, par ce moyen on verrait toute l’humeur s’en aller, et celle de la joue aussi. Maman fit part de ce raisonnement à toutes nos voisines et chacune l’approuva : « Moi, à votre place, j’essaierais. » Pendant quelques jours encore, maman retourna cette idée dans sa tête et, l’ayant bien appréciée, résolut, un samedi, de l’expérimenter pour une durée de huit jours.

Hélas ! vous, saint-bois, entre deux samedis qui restâtes sur mon bras, pauvre remède de bonne femme, vous nous avez trompés. Nous étions habitués aux déceptions depuis les temps de la pommade et de l’incision et de plus nous ne laissions croître que de toutes petites espérances afin que leur départ ne fît pas en nous trop de vide. Mais vous, saint-bois, remède de bonnes femmes, humble remède de gens comme nous, vous n’auriez pas dû tromper les vôtres. Nous vous avons pardonné : nous avons même cru que c’était parce que nous n’étions pas assez hardis. Maman dit : « Ce saint-bois, il faudrait le mettre sur ta joue, mon petit, mais je ne l’ose pas. La mère Henri avait peut-être raison, qui voulait que l’on attaquât le mal en son endroit. »

Ensuite le temps passa, comme passe le temps des malades. Nous n’avions pas parlé de notre femme au médecin, parce que les médecins sont des gens savants qui n’aiment pas la concurrence. Le temps se