Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/365

Cette page a été validée par deux contributeurs.
366
MERCVRE DE FRANCE—II-1900

Ça pluit. Vous le fîtes remarquer à maman : « Voyez-vous, Madame, mon petit garçon ne dit pas : Ça pluit, mais il dit : Il pleut. » Votre petit garçon sourit : « Voyez donc, Madame, disiez-vous, comme il a de belles dents ». Et quand vous vous êtes levée pour partir, maman vous a dit : « Il a l’air bien intelligent, votre petit. » Alors, mère Henri, j’ai vu vos deux yeux comme deux âmes profondes dans lesquelles l’amour est tombé.

Puis vous êtes partie, entre votre panier et votre enfant. Votre panier contenait votre vie, mais votre enfant contenait tout votre bonheur.

Un saint-bois. Maman n’osa pas l’appliquer. Sur ma joue, au siège du mal, il ne faut pas des remèdes de bonnes femmes. Un saint-bois peut être bon, mais la prudence conseille de ne pas s’en servir. Maman ressemblait aux vieux paysans malades qui appellent un médecin. Le médecin dit : Ce n’est rien, il faut prendre tel ou tel médicament facile. Alors on l’écoute parce que si cela ne fait pas de bien, cela ne peut du moins pas faire de mal. Mais si le médecin commande une médication compliquée, le vieux hoche la tête et pense : Il se trompe avec tous ses remèdes de pharmacien et mon mal partira comme il est venu. Les médecins sont pareils aux conseillers que l’on écoute lorsqu’ils sont de notre avis.

Ma mère pourtant était ébranlée. C’est une pente irrésistible, sur les routes irrégulières et qui nous précipite jusqu’à sa fin. Tu as interrogé la science d’une commère : tu l’as comprise et tu voudras la compléter. La curiosité se joint à l’espoir et nous