Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
mercvre de france—i-1900

et les matelots et les mariniers durent se défendre sauvagement contre les gens qui les assaillirent, car beaucoup se risquèrent à descendre au long des piles du pont.

Quand, une heure plus tard, un Marsien apparut par-delà la Tour de l’Horloge et disparut en aval, il ne flottait plus que des épaves depuis Limehouse.

J’aurai à parler plus tard de la chute du cinquième cylindre. Le sixième tomba à Wimbledon. Mon frère, qui veillait auprès des femmes endormies dans la chaise au milieu d’une prairie, vit sa traînée verte dans le lointain au-delà des collines. Le mardi, la petite troupe, toujours décidée à aller s’embarquer quelque part, se dirigea, à travers la contrée fourmillante, vers Colchester. La nouvelle fut confirmée que les Marsiens étaient maintenant en possession de tout Londres : on les avait vus à Highgate et même, disait-on, à Neasdon. Mais mon frère ne les aperçut pour la première fois que le lendemain.

Ce jour-là, les multitudes dispersées commencèrent à sentir le besoin urgent de provisions. À mesure que la faim augmentait, les droits de la propriété étaient de moins en moins respectés. Les fermiers défendaient, les armes à la main, leurs étables, leurs greniers et leurs moissons. Beaucoup de gens maintenant, comme mon frère, se tournaient vers l’est, et même quelques âmes désespérées s’en retournaient vers Londres, avec l’idée d’y trouver de la nourriture. Ces derniers étaient surtout des gens des banlieues du nord qui ne connaissaient que par ouï-dire les effets de la Fumée Noire. Mon frère apprit que la moitié des membres du gouvernement s’étaient réunis à Birmingham et que d’énormes quantités de violents explosifs