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més d’examen. Il se coucha un peu après minuit et fut éveillé de quelque lugubre rêve, aux premières heures du lundi matin, par un bruit de marteaux de porte, de pas précipités dans la rue, de tambour éloigné et le son des cloches. Des reflets dansaient au plafond. Un instant, il resta immobile, surpris, se demandant si le jour était venu, ou si le monde était fou. Puis il sauta à bas du lit et courut à la fenêtre.

Sa chambre était mansardée, et comme il se penchait, il y eut une douzaine d’échos au bruit de sa fenêtre ouverte, et des têtes parurent en toute sorte de désarroi nocturne. On criait des questions.

— Ils viennent ! hurlait un policeman, en secouant le marteau d’une porte. Les Marsiens vont venir ! et il se précipitait à la porte voisine.

Un bruit de tambours et de trompettes arriva des casernes d’Albany Street et toutes les cloches d’église à portée d’oreille travaillaient ferme à tuer le sommeil avec un tocsin véhément et désordonné. Il y eut des bruits de portes qu’on ouvre et l’une après l’autre les fenêtres des maisons d’en face passèrent de l’obscurité à une lumière jaunâtre.

Du bout de la rue arriva au galop une voiture fermée, dont le bruit, qui éclata soudain au coin, s’éleva jusqu’au fracas sous la fenêtre et mourut lentement dans la distance. Presque immédiatement suivirent quelques cabs, avant-coureurs d’une longue procession de rapides véhicules, allant pour la plupart à la gare de Chalk Farm, d’où des trains spéciaux de la Compagnie du Nord-Ouest devaient partir, pour éviter de descendre la pente jusqu’à Euston.

Pendant longtemps mon frère resta à la fenêtre à considérer avec ébahissement les policemen heur-