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la guerre des mondes

n’étaient pas seulement une poignée de petites créatures indolentes, mais qu’ils étaient aussi des intelligences gouvernant de vastes corps mécaniques, qu’ils pouvaient se mouvoir avec rapidité et frapper avec un tel pouvoir que même les plus puissants canons ne pouvaient leur résister.

On les décrivait comme de « vastes machines semblables à des araignées énormes, ayant près de cent pieds de haut, pouvant atteindre la vitesse d’un train express et capables de lancer un rayon de chaleur intense ».

Des batteries, principalement d’artillerie de campagne, avaient été dissimulées dans la contrée aux environs de la lande de Horsell et spécialement entre le district de Woking et Londres. Cinq de leurs machines s’étaient avancées jusqu’à la Tamise et l’une d’elles, par un caprice du hasard, avait été détruite. Pour les autres, les obus n’avaient pas porté et les batteries avaient été immédiatement annihilées par les Rayons Ardents. On mentionnait de grosses pertes de soldats, mais le ton de la dépêche était optimiste.

Les Marsiens avaient été repoussés, ils n’étaient pas invulnérables. Ils s’étaient retirés de nouveau vers leur triangle de cylindres, dans le cercle de Woking. Des éclaireurs, munis d’héliographes, poussaient en avant vers eux, dans tous les sens. On amenait des canons, en grande vitesse, de Windsor, de Portsmouth, d’Aldershot, de Woolwich — et du Nord même ; entre autres, de Woolwich, des canons de quatre-vingt-quinze tonnes à longue portée. Il y en avait actuellement, en position ou disposés en hâte, cent seize en tout, pour protéger Londres. Jamais encore, en Angleterre, il