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LA
GUERRE DES MONDES
(Suite[1])




xiv

À LONDRES


Mon frère cadet se trouvait à Londres quand les Marsiens tombèrent à Woking. Il était étudiant en médecine et, absorbé par la préparation d’un examen imminent, il n’apprit cette arrivée que dans la matinée du samedi. Ce jour-là, les journaux du matin contenaient en plus de longs articles spéciaux sur la planète Mars, sur la vie possible dans les planètes et autres sujets de ce genre, un bref télégramme rédigé de façon très vague, mais, à cause de cela même, d’autant plus frappant.

Les Marsiens, contait le récit, alarmés par l’approche d’une foule de gens, en avaient tué un certain nombre avec une sorte de canon à tir rapide. Le télégramme se terminait par ces mots : « Formidables comme ils semblent l’être, les Marsiens n’ont pas encore bougé du trou dans lequel ils sont tombés, et ils semblent même, à vrai dire, incapables de le faire : ce qui serait dû probablement à la pesanteur relativement plus grande à la surface de la Terre. » Et les chroniqueurs

  1. Voyez Mercure de France, n° 120.