Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
l’œuf de cristal

que M. Cave se montrait si récalcitrant à le vendre. Il est tout aussi probable que le second acheteur n’ait tout bonnement été qu’un amateur occasionnel et nullement un collectionneur, et l’œuf de cristal, autant qu’il est permis de le supposer, se trouve peut-être à présent à quelques centaines de mètres de l’endroit où je me trouve, décorant quelque salon, ou servant de presse-papier, et il se peut que ses remarquables propriétés soient inconnues de son possesseur actuel. À vrai dire, c’est en partie avec l’idée d’une telle possibilité que j’ai narré cette histoire sous une forme qui la fera lire comme une chose toute naturelle par l’ordinaire lecteur.

Mes idées personnelles sur ce sujet sont pratiquement celles de M. Wace. Je crois que l’ovoïde de cristal sur le mât dans Mars, et celui de M. Cave sont en un rapport physique quelconque, mais à présent absolument inexplicable ; de plus, nous croyons tous deux que le cristal terrestre doit avoir été — peut-être à quelque date fort éloignée — envoyé de cette planète ici-bas, afin de permettre aux Marsiens d’avoir un nouvel aperçu de nos affaires. Il se peut aussi que les correspondants des ovoïdes de cristal des autres mâts soient sur notre globe. En tous les cas, aucune hypothèse d’hallucination ne peut expliquer ces faits.

h. g. wells.
Traduit de l’anglais par henry-d. davray.

Image de séparation : deux oiseaux entourant une fleur