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Sa contrariété et son désappointement étaient naturellement fort grands. Il fit une seconde visite, également sans effet, chez le marchand, puis il eut recours à des annonces dans les périodiques qui devaient vraisemblablement tomber entre les mains des collectionneurs de bric à brac. Il écrivit aussi des lettres à la Daily Chronicle et à Nature, mais ces deux feuilles, suspectant quelque mystification, lui demandèrent, avant de les insérer, de bien réfléchir à ce qu’il faisait, et on lui fit même entendre qu’une histoire aussi étrange pourrait porter préjudice à sa réputation scientifique. D’ailleurs, les exigences de ses propres travaux devinrent plus urgentes ; si bien qu’au bout de quelques semaines, à part d’occasionnels mementos à certains marchands, il dut, malgré lui, abandonner sa recherche de l’œuf de cristal, et depuis ce jour l’ovoïde reste introuvable. Quelquefois, cependant, il me raconte, et je le crois sans difficulté, qu’il a des accès de véritable frénésie qui lui font abandonner ses occupations les plus urgentes et reprendre ses recherches.

Qu’il reste ou non perdu pour toujours, matière et origine sont choses également spéculatives au moment présent. S’il avait été acquis par un collectionneur, on aurait pu s’attendre à ce que les investigations de M. Wace vinssent à la connaissance de l’acquéreur par l’intermédiaire des marchands. M. Wace a pu néanmoins découvrir le clergyman et l’Oriental de M. Cave — qui ne sont autres que le Révérend James Parker et le Prince Bosso Kuni, de Java. Je leur suis redevable de certains détails de cette histoire. Le Prince n’avait eu d’autre objet qu’une simple curiosité — et son extravagance. Il n’avait été si désireux d’acheter le cristal que parce