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Ces lunes n’étaient jamais hautes dans le ciel, mais disparaissaient aussitôt que levées, c’est à-dire qu’à chacune de leurs révolutions elles se trouvaient éclipsées à cause de la proximité de leur planète. Et tout ceci répond absolument — bien que M. Cave n’en ait rien su — à ce que doivent être les conditions d’existence dans Mars.

À dire vrai, ce semble une conclusion extrêmement plausible que, regardant dans cet œuf de cristal, M. Cave ait vu réellement la planète Mars et ses habitants. Et si c’est le cas, alors, l’étoile du soir qui brillait avec tant d’éclat dans le ciel de cette vision lointaine n’était ni plus ni moins que notre familière Terre.

Pendant un certain temps, les Marsiens — si c’étaient des Marsiens — ne semblèrent pas avoir remarqué les inspections de M. Cave. À diverses reprises l’un d’eux s’approcha, mais s’en alla presque aussitôt comme s’il n’avait pas trouvé la vision satisfaisante. M. Cave put donc observer les manières d’agir de ces êtres ailés sans être troublé par leur attention, et encore que ses descriptions fussent nécessairement vagues et fragmentaires, elles demeurent néanmoins fort suggestives. Imaginez l’impression que recevrait de l’humanité un observateur marsien qui, après une série de préparations difficiles et avec une fatigue considérable pour les yeux, arriverait à examiner Londres du haut du clocher de l’église Saint-Martin, pendant des périodes de quatre minutes au plus à la fois. M. Cave ne sut affirmer si les Marsiens ailés étaient les mêmes que les Marsiens qui sautillaient sur les chaussées et les terrasses, et si ces derniers pouvaient à volonté revêtir des ailes. Plusieurs fois, il vit un certain nombre de bipèdes gauches et maladroits,