Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
mercvre de france—x-1899

Il serait maintenant ennuyeux et inutile d’exposer toutes les phases de la découverte de M. Cave depuis ce moment. Qu’il suffise de noter que l’effet était celui-ci : quand on le regardait sous un angle d’environ 137 degrés de la direction du rayon lumineux, l’œuf de cristal donnait la claire et consistante peinture d’une vaste et singulière contrée. Ce n’était nullement une vision chimérique ; cela donnait l’impression définie de la réalité, et plus la lumière était grande, plus réelle et solide la contrée paraissait. C’était un tableau mouvant : c’est-à-dire que certains objets s’y mouvaient, mais lentement et d’une façon ordonnée, comme des choses réelles, et, suivant la direction dans laquelle on l’éclairait ou on l’observait, le tableau changeait aussi. À vrai dire, ce devait produire le même effet que de regarder quelque spectacle à travers un verre ovale en le tournant dans tous les sens pour obtenir des aspects différents.

M. Wace m’a assuré que les descriptions de M. Cave étaient pleines de détails extrêmement précis, et absolument exemptes de cette espèce d’émotion particulière aux hallucinations. Mais il faut se rappeler que tous les efforts de M. Wace pour voir les mêmes choses avec une clarté similaire dans la faible opalescence du cristal furent entièrement vains, de quelque façon qu’il s’y prît. Mais les différences d’intensité des impressions reçues par les deux hommes étaient très grandes, et il est tout à fait concevable que ce qui était pour M. Cave une vision claire ne fût qu’une simple nébulosité pour M. Wace.

La description que faisait M. Cave était invariablement celle d’une plaine étendue, qu’il lui semblait toujours regarder d’une hauteur considérable,