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ni l’œuf de cristal, ni le prétendu client ne revinrent.

Maintenant, sans plus de circonlocutions, il nous faut admettre que M. Cave était un menteur. Il savait parfaitement bien où se trouvait l’œuf de cristal, l’ayant confié à la garde de M. Jacoby Wace, aide-préparateur à St Catherine’s Hospital, Westbourne Street. Il était placé sur une étagère, en partie recouvert par un morceau de velours noir, à côté d’un flacon de whisky américain. C’est, à vrai dire, de M. Wace que viennent les détails sur lesquels est basé ce récit. M. Cave avait emporté l’œuf à l’hôpital, caché dans le sac qui contenait les chiens de mer, et il avait insisté auprès du jeune savant pour qu’il le gardât. M. Wace éprouva d’abord quelque perplexité. Ses relations avec M. Cave étaient particulières. Une certaine inclination pour les gens bizarres lui avait fait plus d’une fois inviter le vieillard à venir fumer et boire chez lui, et à développer ses idées plutôt amusantes sur la vie en général et sur la femme en particulier. M. Wace avait, lui aussi, rencontré Madame Cave lorsqu’il passait faire quelque commande et que M. Cave se trouvait absent. Il savait quels perpétuels tourments le pauvre homme devait endurer ; et, ayant pesé les conséquences, il se décida à donner asile à l’œuf. M. Cave promit d’expliquer plus complètement une autre fois les raisons de sa remarquable affection pour l’œuf de cristal, et il parla clairement de visions qu’il y apercevait. Il revint chez M. Wace le même soir.

Il raconta une histoire compliquée. L’œuf de cristal, dit-il, était venu en sa possession avec d’autres objets achetés à la vente après décès d’un confrère, et ignorant quelle pouvait être son exacte