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les pieds et violemment tiré en arrière. Je craquai ma dernière allumette… qui ne prit pas. Mais j’avais pu néanmoins saisir un des échelons, et, lançant en arrière de violents coups de pied, je me dégageai de l’étreinte des Morlocks, et escaladai rapidement le puits, tandis qu’ils restaient en bas, me regardant monter en clignotant leurs gros yeux, tous, sauf un petit misérable qui me suivit pendant un instant et voulut s’emparer de ma chaussure, comme d’un trophée sans doute.

« Cette escalade me sembla interminable. Pendant les derniers vingt ou trente pieds, une nausée mortelle me prit. J’eus la plus grande difficulté à ne pas lâcher prise. Aux derniers échelons, ce fut une lutte terrible contre cette défaillance. À plusieurs reprises la tête me tourna, et j’anticipai les sensations d’une chute. Enfin, cependant, je parvins du mieux que je pus jusqu’en haut et, enjambant la margelle, je m’échappai en chancelant hors des ruines, jusqu’au soleil aveuglant. Là, je tombai face à terre. Le sol me paraissait dégager une odeur douce et propre. Puis, je me rappelle Weena, baisant mes mains et mes oreilles et les voix d’autres Eloïs. Ensuite, pendant un certain temps, je reperdis connaissance.


X

QUAND LA NUIT VINT


« Je me trouvai, après cet exploit, dans une situation réellement pire qu’auparavant. Jusque-là, sauf pendant la nuit d’angoisse qui suivit la perte de la Machine, j’avais eu l’espoir réconfortant d’une ultime délivrance, mais cet espoir était ébranlé par