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MERCVRE DE FRANCE — II-1899

comme un frottement ou une viscosité, durée pratiquement substituable à celle qu’il aurait continué de subir sans monter la Machine.

La Machine mise en marche se dirige toujours vers le futur.

Le Futur est la succession normale des phénomènes : une pomme est sur l’arbre, elle tombera ; le Passé une succession inverse : la pomme tombe — de l’arbre. Le Présent est nul. C’est une petite fraction d’un phénomène. Plus petite qu’un atome. On sait que la grandeur d’un atome matériel est, selon son diamètre, de centimètres 1,5×10-8. On n’a pas encore mesuré la fraction de seconde de temps solaire moyen à quoi est égal le Présent.

De même que dans l’Espace il faut, pour qu’un mobile se déplace, qu’il soit plus petit dans le sens de son contenant (la grandeur) que ce contenant, il faut pour que la Machine se déplace dans la Durée qu’elle soit moindre en durée que le Temps, son contenant, c’est-à-dire plus immobile dans la succession.

Or l’immobilité de durée de la Machine est directement proportionnelle à la vitesse de rotation des gyrostats dans l’Espace.

Le futur étant désigné par , la vitesse spatiale ou lenteur de durée, nécessaire à explorer le futur, devra être, étant une quantité de temps :

Chaque fois que se rapproche de , la Machine rebrousse vers le Présent.

La marche dans le Passé consiste en la perception de la réversibilité des phénomènes. On verra la pomme rebondir de terre sur l’arbre, ou ressusciter le mort, puis le boulet rentrer dans le canon. Cet aspect visuel de la succession est déjà connu, comme pouvant être obtenu théoriquement en dépassant la lumière, puis continuant à s’éloigner d’une vitesse constante, égale à