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MERCVRE DE FRANCE — II-1899

lieu de l’espace, mais assez indépendante du mouvement diurne de la terre pour conserver une direction invariable dans l’Espace absolu ; corollairement, quoique pesante, incapable de chute si le sol, au cours du voyage, vient à s’excaver.

3° Non magnétique, afin de n’être pas influencée en retour (on verra plus loin pourquoi) par la rotation du plan de polarisation de la lumière.

Il existe un corps idéal qui satisfait à la première de ces conditions : l’éther lumineux, solide élastique parfait, puisque les vibrations d’ondes s’y propagent à la vitesse que l’on sait ; pénétrable à tout corps ou pénétrant tout corps sans frottement calculable, puisque la Terre y gravite comme dans le vide.

Mais, et c’est sa seule ressemblance avec le corps circulaire ou éther aristotélique, il n’est pas de nature grave ; et, tournant dans son ensemble, il détermine la rotation magnétique découverte par Faraday.

Or un appareil très connu est un excellent modèle d’éther lumineux, et satisfait aux trois postulats.

Rappelons brièvement la constitution de l’éther lumineux. C’est un système idéal de particules matérielles agissant les unes sur les autres au moyen de ressorts sans masse. Chaque molécule est mécaniquement l’enveloppe d’un peson à ressort dont les crochets de suspension sont reliés à ceux des molécules voisines. Une traction sur le crochet de la dernière molécule occasionnera le tremblement de tout le système, exactement comme avance le front de l’onde lumineuse.

La structure du peson à ressort est analogue à la circulation sans rotation de liquides infiniment grands à travers des ouvertures infiniment petites, ou à un système articulé de tringles rigides et de volants en rapide mouvement de rotation, portés par toutes ou par quelques-unes de ces tringles[1].

  1. Cf W. Thomson, On a gyrostatic adynamic constitution for ether (C. R., 1889 ; Proc. R. Soc. Ed., 1890).