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MERCVRE DE FRANCE — II-1899

l’on se transporte à un point quelconque du passé ou du futur, ce point, au moment du séjour, sera présent et étendu dans trois direction.

L’Espace ou Présent a réciproquement les trois dimensions du Temps : l’espace parcouru ou passé, l’espace à venir et le présent proprement dit.

L’Espace et le Temps sont commensurables ; l’exploration par la connaissance des points de l’Espace ne peut se faire qu’au long du Temps ; et pour mesurer quantitativement le Temps, on le ramène à l’Espace des cadrans des chronomètres.

L’Espace et le Temps, de même nature, peuvent être considérés comme des états physiques différents d’une même matière, ou des modes divers de mouvement. À ne les prendre même que comme formes de la pensée, nous voyons l’Espace comme une forme solide et un système rigide de phénomènes ; alors qu’il est devenu poétiquement banal de comparer le Temps à un liquide animé d’un mouvement rectiligne uniforme, constitué par des molécules mobiles dont la moindre facilité de glissement ou la viscosité n’est en somme que la conscience.

L’Espace étant fixe autour de nous, pour l’explorer, nous nous mouvons dans le véhiçule de la Durée. Elle joue en cinématique le rôle, d’une : variable indépendante quelconque, en fonction de laquelle se déterminent les coordonnées des points considérés. La cinématique est une géométrie. Les phénomènes n’y ont pas d’avant ni d’après, et le fait que nous créons cette distinction prouve que nous sommes emportés au long d’eux.

Nous nous mouvons dans le sens du Temps et avec la même vitesse, étant nous-mêmes partie du présent. Si nous pouvions rester immobiles dans l’Espace absolu, le long du Cours du Temps, c’est-à-dire nous enfermer subitement dans une Machine qui nous isole du Temps (sauf le peu de « vitesse de durée » normale dont nous