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dit, la porte du jardin s’ouvrit et le domestique parut. Nous nous regardâmes, et les idées me revinrent.

— Est-ce que votre maître est sorti par là ? dis-je.

— Non, monsieur, personne n’est sorti par là. Je croyais trouver monsieur ici.

Alors je compris. Au risque de désappointer Richardson, j’attendis le retour de mon ami : j’attendis le second récit peut-être plus étrange encore et les spécimens et les photographies qu’il rapporterait sûrement. Mais je commence à craindre maintenant qu’il ne me faille attendre toute la vie. L’Explorateur du Temps disparut il y a trois ans, et, comme tout le monde le sait maintenant, il n’est jamais revenu.


ÉPILOGUE


On ne peut s’empêcher de faire des conjectures. Reviendra-t-il jamais ? Il se peut qu’il se soit aventuré dans le passé et soit tombé parmi les sauvages chevelus et buveurs de sang de l’âge de pierre ; dans les abîmes de la mer crétacée ; ou parmi les sauriens gigantesques, les immenses reptiles de l’époque jurassique. Il est peut-être maintenant — si je puis employer cette phrase — en train d’errer sur quelque écueil de corail oolithique peuplé de plésiosaures, ou aux bords désolés des mers salines de l’âge triassique. Ou bien, alla-t-il vers l’avenir, vers des âges prochains, dans lesquels les hommes sont encore des hommes, mais où les énigmes de notre époque et ses problèmes pénibles sont résolus ? Dans la maturité de la race : car,