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siège du Sphinx Blanc, j’étais en face d’une humble capitulation. Je jetai ma barre de fer, presque fâché de n’avoir pu en faire usage.

« Une pensée soudaine me vint à l’esprit tandis que je me baissais pour entrer. Car, une fois au moins, je saisis les opérations mentales des Morlocks. Retenant une forte envie de rire, je passai sous le cadre de bronze et m’avançai jusqu’à la Machine. Je fus surpris de trouver qu’elle avait été soigneusement huilée et nettoyée. Depuis, j’ai soupçonné les Morlocks de l’avoir en partie démontée pour essayer à leur vague façon de deviner son usage.

« Alors, tandis que je l’examinais, trouvant un réel plaisir rien qu’à toucher mon invention, ce que j’attendais se produisit. Les panneaux de bronze remontèrent et clorent le panneau avec un heurt violent. J’étais dans l’obscurité — pris au piège. Du moins, c’est ce que croyaient les Morlocks et j’en riais de bon cœur tout bas.

« J’entendais déjà leur petit rire murmurant, tandis qu’ils s’avançaient. Avec beaucoup de calme, j’essayai de craquer une allumette : je n’avais qu’à fixer les leviers de la Machine et disparaître comme un fantôme. Mais je n’avais pas pris garde à une petite chose. Les allumettes qui me restaient étaient de cette sorte abominable qui ne s’allume qu’après la boîte.

« Vous pouvez vous imaginer ce que devint mon beau calme. Les petites brutes étaient tout contre moi. L’une me toucha. Les bras tendus et les leviers dans la main, je fis place nette autour de moi, et commençai à m’installer sur la selle de la Machine. Alors une main se posa sur moi, puis