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brisai la vitre du casier. Alors il me vint un doute, j’hésitai ; puis choisissant une petite galerie latérale, je fis mon essai. Je n’ai jamais éprouvé désappointement pareil à celui que j’eus en attendant cinq, dix, quinze minutes, une explosion qui ne se produisit pas. Naturellement ce n’étaient que des simulacres, comme j’aurais dû le deviner en les trouvant à cet endroit. Je crois réellement que, n’en eût-il pas été ainsi, je me serais élancé immédiatement et j’aurais été faire sauter le sphinx, les portes de bronze, et du même coup, comme le fait se vérifia plus tard, mes chances de retrouver la Machine.

« Ce fut, je crois, après cela que je parvins à une petite cour à ciel ouvert, dans l’intérieur du Palais. Sur une pelouse, trois arbres à fruits avaient crû. Là nous nous reposâmes et les fruits nous rafraîchirent. Vers le coucher du soleil, je commençai à considérer notre position. La nuit nous enveloppait lentement, et j’avais encore à trouver notre inaccessible refuge. Mais cela me troublait fort peu maintenant. J’avais en ma possession une chose qui était peut-être la meilleure de toutes les défenses contre les Morlocks — j’avais des allumettes ! J’avais aussi du camphre dans ma poche, s’il était besoin d’une flamme de quelque durée. Il me semblait que ce que nous avions de mieux à faire était de passer la nuit en plein air, protégés par du feu. Au matin, viendrait la conquête de la Machine. Dans ce but, je n’avais jusqu’ici que ma massue de fer. Mais maintenant, avec ce que j’avais acquis de connaissances, j’éprouvais des sentiments entièrement différents vis-à-vis des portes de bronze. Jusqu’à ce moment je m’étais abstenu