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STÉPHANE MALLARMÉ



Tous ceux qui ont aimé ce haut esprit et cet homme parfait ressentent à cette heure une inexprimable tristesse. Une existence admirable et chère s’interrompt. Stéphane Mallarmé est mort.

La vie lui fut avare et fourbe. Il ne lui demandait pourtant rien de ce qu’on exige d’elle d’ordinaire. Il voulut simplement être et être pour penser. Le reste lui importait peu, car nul ne fut mieux que lui épuré des bassesses humaines. Il ne rechercha jamais ce à quoi s’acharne le commun des vivants, et cela par une sorte d’indifférence naturelle à tout ce qui ne servait pas ses visées spirituelles. Il n’emprunta qu’à lui-même la substance de ses architectures idéales. C’est en elles qu’il se contentait. Il ne posséda guère que soi. Il n’eût besoin pour vivre de rien de particulier. Nous