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des spécimens assez complexes de travail métallique. D’une façon ou d’une autre, il fallait fabriquer ces choses. Et ces petites créatures ne faisaient montre d’aucun vestige de tendances créatrices ; il n’y avait ni boutiques, ni ateliers, ni aucun signe d’importation parmi eux. Ils passaient tout leur temps à jouer gentiment, à se baigner dans le fleuve, à se faire la cour d’une façon à demi badine, à manger des fruits et à dormir. Je ne pouvais me rendre compte comment tout cela durait et se maintenait,

« Mais revenons à la Machine du Temps : quelqu’un, je ne savais qui, l’avait enfermée dans le piédestal creux du Sphinx Blanc. Pourquoi ? Pour tout au monde je n’aurais pu l’imaginer non plus que découvrir l’usage de ces puits sans eau et de ces colonnes de ventilation. Il me manquait là un fil conducteur. Je sentais… comment vous expliquerais-je cela ? Supposez que vous trouviez une inscription, avec des phrases ici et là claires et écrites en excellent anglais, mais interpolées d’autres faites de mots, de lettres même qui vous soient absolument inconnues ! Eh bien ! le troisième jour de ma visite, c’est de cette manière que se présentait à moi le monde de l’an huit cent d’eux mille sept cent un.

« Ce jour-là aussi je me fis une amie — en quelque sorte. Il arriva, comme je regardais quelques-uns de ces petits êtres se baigner dans une anse du fleuve, que l’un d’entre eux fut pris de crampes et dériva au fil de l’eau. Le courant principal était assez fort, mais peu redoutable, même pour un nageur ordinaire. Vous aurez une idée, par ce fait, de l’étrange indifférence de ces gens, quand je vous dirai, qu’aucun d’eux ne fit le plus petit effort pour aller au secours du petit être qui, en poussant de faibles cris, se noyait sous leurs yeux. Quand je m’aperçus de cela, je défis en hâte mes