Page:Mercure de France - 1898 - Tome 28.djvu/624

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion avait été surmontée et la population avait cessé de s’accroître.

« Mais avec ce changement des conditions, viennent inévitablement les adaptations à ce changement, et à moins que la science biologique ne soit qu’un amas d’erreurs, quelle est la cause de la vigueur et de l’intelligence humaine ? Les difficultés et la liberté : conditions sous lesquelles les individus actifs, vigoureux et souples survivent et les plus faibles succombent ; conditions qui favorisent et récompensent l’alliance loyale des gens capables, l’empire sur soi-même, la patience, la décision. L’institution de la famille et les émotions qui en résultent ; la jalousie féroce, la tendresse envers la progéniture, le dévouement du père et de la mère, tout cela trouve sa justification et son appui dans les dangers qui menacent les jeunes. Maintenant, où sont ces imminents dangers ? Un sentiment nouveau prend naissance qui s’élève contre la jalousie conjugale, contre la maternité farouche, contre les passions de toute sorte ; choses non nécessaires maintenant, et qui nous mettent mal à l’aise, survivances sauvages et discordantes dans une vie agréable et raffinée.

« Je songeai à la délicatesse physique des gens, leur manque d’intelligence, à ces ruines énormes et nombreuses, et cela confirma mon opinion d’une conquête parfaite de la nature. Car après la lutte vient la quiétude. L’humanité avait été forte, énergique et intelligente et avait employé toute son abondante vitalité à transformer les conditions sous lesquelles elle vivait. Et maintenant venait la réaction de ces conditions changées.

« Sous ces conditions nouvelles de sécurité et de confort parfaits, cette incessante énergie, qui est notre force, doit devenir faiblesse. Même de notre temps certains désirs et tendances, autrefois nécessaires aux survivances, sont des sources