la jeunesse peut-il croître, quand l’âme s’incline sous le poids du bien-être ? L’autre demandait : où l’amour peut-il trouver vie, quand on en est à l’éternelle dispute contre la misère ? Terrible — de prêcher cette doctrine comme parole de vérité et avec cela de supporter la vie !
. — Et si cela nous concernait ?
. — Concerner ! — Quoi donc ? Des circonstances
extérieures peuvent-elles faire quelque chose ? Je te l’ai déjà dit ; si tu veux lutter, je me tiendrai à ton côté et j’y tomberai. Ô, rien n’est plus facile, comme la messagère de la bible, de laisser la maison derrière soi, de se réjouir, souffrir, et suivre celui que l’on aime, en avant vers Dieu.
(l’embrasse). — Venez donc, temps d’hiver, violents
et puissants ! Nous sommes debout dans l’orage ; personne ne peut nous ébranler !
(Mme Halm et Guldstad arrivent de la droite par le fond. Falk et Svanhild restent debout près du pavillon.)
(à voix basse). — Voyez, madame !
(surprise). — Ensemble !
. — Doutez-vous encore ?
. — C’est extraordinaire !
. — Oh, j’ai encore remarqué comme il a
tranquillement couvé son ouvrage.
(à elle-même). — Qui aurait pu penser que
Svanhild était si rusée ! (Vivement à Gulstad.) Mais, non, je ne puis croire —
. — Bien ; on va vérifier.
. — Maintenant, à l’instant ?
. — Oui, et vigoureusement.
(lui tend la main). — Dieu soit avec eux !
(sérieux). — Merci, il peut en être besoin
(regarde derrière soi en s’en allant). —
Quelle que soit l’issue, l’enfant sera heureuse.
(se rapproche de Falk). — Vous avez bien
juste temps ?
. — Un quart d’heure, et je pars.
. — Il n’en faut pas plus.
(veut s’éloigner). — Adieu !
. — Non, restez !
. — Resterai-je ?
. — Jusqu’à ce que vous ayiez répondu.
Entre nous il faut que tout soit clair ; — il faut que nous parlions à cœur ouvert tous trois.