, et le vent de terre les portait. À chaque rêve détruit par la peine, à chaque plume qui tombait dans ma fuite, je reçus en présent de Dieu un petit témoignage, et le présent du Seigneur fut reçu avec joie et merci. Pour eux j’ai lutté, pour eux j’ai supporté toute chose, pour eux j’ai expliqué moi-même la sainte écriture ; — c’était mon parterre de fleurs, cette bande d’enfants ; — maintenant vous l’avez souillé avec le poison de la moquerie ! Vous avez prouvé, en esthète et en auteur, que tout mon bonheur était une foi d’insensé, que cela, que je prenais au sérieux, était ridicule ; — maintenant j’exige, rendez-moi mon repos, mais rendez-le moi sans fêlure et intact —
. — Vous exigez que je discute la valeur du
bonheur ? —
Straamand. — Oui, vous avez jeté sur mon chemin une pierre, une pierre du doute, que vous seul pouvez soulever. Enlevez cette barrière entre moi et les miens, que vous avez bâtie, enlevez ce licou de mon cou —
. — Vous croyez que j’ai de la glu du mensonge
à vendre, pour en recoller le vase fêlé du bonheur ?
Straamand. — Je crois que la foi que vous avez arrachée par des paroles, vous pouvez la rétablir par des paroles ; je crois que vous pouvez ressouder la chaîne brisée ; — — jugez-en à nouveau, — dites la vérité tout entière, — témoignez encore, — que je puisse arborer le drapeau —
(fier). — Je ne frappe pas le laiton du bonheur
comme l’or.
Straamand (le fixe). — Alors souvenez-vous, ici a été dite une parole, par quelqu’un qui évente les traces du lièvre de la vérité : (le doigt levé) il y a une Némésis dans la vie ; lui échapper n’est donné à personne !
(sort avec ses lunettes et son livre ouvert à la
main). Monsieur le pasteur, venez vite ! Les petits pleurent —
Les enfants (à la porte). — Père !
. — Et madame attend !
. — Madame n’a pas de goût pour les discussions
juridiques. (Il met le livre et les lunettes dans sa poche et se rapproche.) Falk !
.— Oui !
. — J’espère que tu as changé d’avis.
. — Et pourquoi ?