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MERCVRE DE FRANCE

Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais, le travesti, défendu par l’Église et par l’art. « Il n’existe point de tout jeune homme assez formé pour… » La femme étant l’être jusqu’à la vieillesse imberbe et à la voix aiguë, une femme de vingt ans représente, selon la tradition parisienne, l’enfant de quatorze, avec l’expérience de six ans de plus. Cela compense peu le ridicule du profil et l’inesthétique de la marche, la ligne estompée à tous les muscles par le tissu adipeux — odieux parce qu’il est utile, générateur du lait.

De par la difference des cerveaux, un enfant de quinze ans, si l’on le choisit intelligent (car on trouve que la majorité des femmes sont ordinaires, le plus grand nombre des jeunes garçons stupides, avec quelques exceptions supérieures), jouera adéquatement son rôle, exemple le jeune Baron dans la troupe de Molière, et toute cette époque du théâtre anglais (et tout le théâtre antique) où l’on n’aurait jamais osé confier un rôle à une femme.

Quelques mots sur les décors naturels, qui existent sans duplicata, si l’on tente de monter un drame en pleine nature, au penchant d’une colline, près d’une rivière, ce qui est excellent pour la portée de la voix, sans velum surtout, dut le son se perdre ; les collines suffisent, avec quelques arbres pour l’ombre. On joue aujourd’hui, comme il y a un an, en plein vent le Diable Marchand de Goutte et l’idée a été complétée au précédent Mercure par M. Alfred Vallette. Voici trois ou quatre ans, M. Lugné Poe, avec quelques amis, donna à Presles, au bord de la forêt de l’Isle-Adam, sur un théâtre naturel creusé dans la montagne, la Gardienne. En ce temps d’universel cyclisme, quelues séances dominicales, un été, très courtes (de deux à cinq), d’une littérature d’abord pas trop abstraite (le Roi Lear, par exemple ; nous ne comprenons pas cette idée d’un théâtre du peuple), en des campagnes distantes de peu de