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Voyez, j’ai place maintenant de tous, les côtés, — j’ai défriché autour de moi.

Svanhild

. — Falk, un mot !

Falk

(montre courtoisement la maison). — Voilà le chemin,

mademoiselle ; — par là est allée votre mère avec tous les amis et avec toutes les tantes.

Svanhild

(se rapproche). — Peu importe ; mon chemin

n’est pas le leur ; je n’augmenterai pas le nombre du troupeau.

Falk

. — Vous ne vous en allez pas ?

Svanhild

. — Non, si vous voulez lutter contre le

mensonge, je me tiendrai comme l’écuyer fidèle à vos côtés.

Falk

. — Vous, Svanhild ; vous qui —

Svanhild

. — Moi, qui hier encore — Oh, vous-même

étiez-vous, Falk, le même, hier ? Vous m’offriez, comme un bonheur, d’être la flûte de roseau —

Falk

. — Et la flûte sifflait, me faisait honte en sifflant !

Non, vous avez raison ; c’était une œuvre d’enfant ; mais vous m’avez réveillé pour une action meilleure ; — c’est en pleine foule que se trouve la grande église où la voix de vérité résonnera pure et forte. Il ne suffit pas de contempler, comme l’Asynie [1], du haut de la hauteur, le sauvage combat ; — non, porter le signe de beauté dans sa poitrine, comme saint Olaf portait sa croix sur sa cuirasse, — étendre la vue sur les vastes champs de la lutte, tout en se laissant saisir par le tohu-bohu de la bataille, — conserver une lueur de soleil derrière le brouillard, voilà l’exigence qu’un homme doit réaliser !

Svanhild

. — Et vous la réaliserez lorsque vous serez

libre, lorsque vous serez seul.

Falk

. — Mais alors je ne serais pas dans la foule !

Et voilà l’exigence. Non, il est fini, mon pacte d’isolement entre moi et le ciel. Fini mon métier de poète entre quatre murs ; mon poème sera vécu sous le sapin et le merisier, ma guerre sera conduite en plein empire du présent ; — moi ou le mensonge— un des deux reculera !

Svanhild

. — Allez donc béni du poème à l’action ! Je

vous ai méconnu ; vous avez la chaleur du cœur ; pardonnez — et séparons-nous tranquillement —

Falk

. — Non, il y a place pour deux, dans mon vaisseau

d’avenir ! Nous ne nous séparons pas. Sanhild,

  1. Les Asynies, déesses prophétiques de la Mythologie scandinave.