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’est tenu hardiment sur la tranchée, qui a foulé aux pieds l’usage et la coutume, et s’est ri de tous les sots habiles du monde !

Ainsi, c’est la flamme de beauté de l’amour, qui maintient des fiançailles de longues années. Vraiment ! C’est la même flamme qui échauffat même un fils du bureau jusqu’à le faire chanter ! Ainsi, c’est le jeune bonheur, de l’amour, qui a peur d’un voyagé sur les vagues de la mer, qui exige sacrifice, bien qu’il pourrait briller d’un éclat de pierreries — se sacrifiant lui-même —

Oh non, vous, prophètes quotidiens du mensonge, appelez une fois la chose de son vrai nom ; appelez l’état de veuve, avec ses attendrissements, absence, et l’état de ménage, habitude, comme ils sont !

Straamand. — Non, jeune homme, une pareille impudence est trop grande ! Chaque mot est un blasphème ! (Il se place tout près de Falk, le regardant dans les yeux.) Maintenant j’amène ma vieille peau dans la lutte pour la foi héritée contre la nouvelle science !

Falk

. — je vais joyeux à la fête du combat.

Straamand. — Bien ! Vous me verrez résister à une grêle de balles ! — (Plus près.) Une union consacrée est chose sainte, comme un prêtre —

Styver

(de l’autre côté de Falk). — Et des fiancés —

Falk

. — Un peu, aussi, comme le sacristain.

Straamand. — Voyez ces enfants ; — vous les voyez — cette troupe ? Elle pourrait par avance me chanter victoire ! Comment a-t-il été possible que — comment a-t-il été faisable — — ; non, la parole de vérité est puissante, inexorable ; — il n’y a qu’un sot qui puisse se boucher l’oreille. Voyez, — ces enfants sont tous les enfants de l’amour — — ! (Il s’arrête déconcerté. ) Je veux dire — non, naturellement — !

Mlle Skære

(s’évente avec son mouchoir.) — Voilà un

discours bien incompréhensible.

Falk

. — Voyez, vous me fournissez vous-même des

preuves ; une vraie, bonne preuve très courante en ce pays. Vous distinguez entre les gages du mariage et ceux de l’amour ; — en cela vous avez raison ; il y a autant de différence qu’entre le cru et le cuit, entre la fleur des champs et les plantes en pots. Chez nous, l’amour est devenu une science ; il a cessé depuis longtemps d’être une passion. Chez nous, l’amour est comme une spécialité, il a sa nombreuse corporation, son drapeau spécial ; il comprend l’état de fiancé et celui de