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it suivre son mari. Le sens en est clair, personne n’en peut douter —

Mlle Skære

. — Bien, mais d’où vient l’accommodement ?

Straamand. — Elle doit obéir à une loi supérieure —

Styver

. — Mais Lind peut éluder la loi — (Tourné

vers Lind.) Pars tant que tu veux, et ne te préoccupe pas de l’endroit.

Les Tantes (joyeuses). — Oui cela va !

Mme Halm

. — Très bien !

Mlle Skære

. — Ainsi finit la discorde.

(Svanhild et les jeunes filles ont pendant ce temps couvert la table à thé en bas de la véranda. Sur l’invitation de Mme Halm les dames s’installent à la table. Le reste de la société prend place partie dans la véranda et dans le pavillon, partie dans le jardin. Falk est assis dans la véranda. Pendant ce qui suit on boit le thé.)

Mme Halm

(souriante). — Voilà le petit orage dissipé.

Cela fait du bien, ces pluies d’été, quand c’est passé ; le soleil brille avec plus d’éclat, et promet une après-midi sans nuages.

Mlle Skære

. — Oui, la fleur de l’amour a besoin

d’ondées grandes ou petites, pour rester fraîche.

Falk

. — Elle meurt dès qu’elle est mise au sec ; en

cela elle ressemble à un poisson.

Svanhild

. — Non, l’amour vit de plein air —

Mlle Skære

. — Et le poisson y meurt —

Falk

. — Très juste.

Mlle Skære

. — Vous voyez nous vous avons fermé

la bouche !

Mme Straamand. — Le thé est bon, on le reconnaît à l’odeur.

Falk

. — Mais continuons la comparaison de la fleur.

C’est une fleur, car sans la bénédiction de la pluie céleste, elle dépérit — —

(Il s’arrête.)
Mlle Skære

. — Eh bien ?

Falk

(avec un salut galant). — Et les tantes viennent

pour asperger. — Mais les poètes se sont servi de la comparaison, et aussi les bonnes gens de vingt manières, — et pourtant elle est encore peu claire pour la plupart des gens : car la multitude des fleurs est grande et variée. Dites, quelle fleur surtout représente l’amour ? Nommez celle qui lui ressemble le plus.

Mlle Skære

. — C’est une rose ; mon Dieu, tout le

monde sait cela ; — l’amour fait voir la vie en rose.