avec une amertune réprimée}} — Je ne puis vous remercier de votre bienveillance, bien qu’elle montre clairement vos bons sentiments. Vous me regardez comme l’enfant regarde un roseau qu’il peut couper et faire flûte pour un jour.
. — Cela vaut mieux que de rester au marais
jusqu’à ce que l’automne l’étouffe sous les brouilIards gris. (Vivement.) Vous devez ! Il faut ! Oui, c’est votre devoir de m’offrir ce que Dieu vous a si richement donné. Ce que vous ne faites que rêver, faites-le germer en moi, poème ! Voyez l’oiseau, là — sottement je l’ai tué ; il était pour vous comme le livre de chant. Oh ne m’abandonnez pas ; chantez pour moi comme il chantait, et ma vie rendra poème pour chanson !
. — Et si je vous cédais, quandje serai vide,
et que j’aurai chanté sur la branche mon dernier chant, qu’arrivera-t-il ?
— Qu’arrivera-t-il ? Eh bien,
souvenez-vous.
— Oh oui, je me souviens
que vous pouvez jeter la pierre.
— Voilà l’âme de liberté
dont vous vous vantiez, — celle qui oserait, s’il y avait un but ! (Avec force). Je vous ai montré le but ; donnez maintenant une réponse qui soit définitive.
. — Vous savez la réponse : de cette manière
je ne pourrai jamais vous obtenir.
— Assez donc là-dessus ;
que le monde vous prenne.
(Svanhild en silence s’est détournée de lui. Elle appuie les mains sur la balustrade de la véranda et repose la tête sur ses mains.)
— Vous
devez trouver que cela est bien ridicule, ce dont je vous ai entretenue ce soir ? (Il s’arrête comme pour attendre une réponse. Svanhild se tait.) Je me suis emballé, je le vois bien ; vous n’avez que le sentiment fraternel et filial ; — dorénavant je vous parlerai avec des gants, nous nous comprendrons mieux ainsi — —
(Il attend un peu ; mais comme Svanhild reste debout sans mouvement, il se tourne et remonte vers la droite.)
— Maintenant je veux vous parler sérieusement
et vous remercier d’avoir voulu me tendre une