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s comment on se trouve, comme amoureux nouvellement engagé !

Lind, touché désagréablement

— On n’explique cela

qu’à contre-cœur à un tiers.

Guldstad, plaisantant

— De la mauvaise humeur !

Je vais me plaindre à Anna.

(Il se rapproche des dames.)
Lind, le suit des yeux

— Comment peut-on supporter

un pareil homme !

Falk

. — Oh, tu t’es trompé sur son compte —

Lind

. — Vraiment ?

Falk

. — Ce n’est pas à Anna qu’il pensait.

Lind

. — Comment ? Était-ce à Svanhild ?

Falk

. — Je ne sais pas. (Avec une expression comique.)

Pardonne-moi, martyr d’une cause étrangère !

Lind

. — Que veux-tu dire ?

Falk

. — Dis-moi, as-tu lu le journal aujourd’hui ?

Lind

. — Non.

Falk

. — Je te le donnerai ; on y voit l’histoire d’un

homme qui, par un coup du sort, s’est vu arracher ses bonnes molaires très saines, parce que son cousin souffrait du mal de dents.

Mlle Skære, regarde au dehors à gauche

— Voilà le

prêtre !

Mme Halm

. — Voulez-vous voir combien ils sont !

Styver

. — Cinq, six, sept, huit petites filles.

Falk

. — Ils sont insatiables !

Mlle Skære

. — Ouf, on pourrait presque dire, c’est

indécent !

(Pendant ce temps, on a entendu une voiture s’arrêter dehors à gauche. Le prêtre, sa femme et ses huit petites filles, toutes en costume de voyage, entrent un par un.)

Mme Halm, se hâte au-devant des arrivants

— Soyez

les bienvenus, cordialement bienvenus !

Straamand. — Merci !

Mme Straamand. — Mais il y a ici réception —

Mme Halm

. — Mais du tout !

Mme Straamand. — Nous allons déranger —

Mme Halm

. — Pas le moins du monde ; vous venez on

ne peut plus à propos ; ma fille Anna vient de se fiancer.

Straamand Ah, je vous félicite ; — l’amour, — l’amour — c’est un trésor que la teigne et la rouille ne peuvent ronger — quand il vaut quelque chose.