Page:Mercure de France - 1896 - Tome 17.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée
ils rêvèrent

ensemble d’une maison couverte de paille, d’un mouton blanc pour les nourrir tous deux —

Mme Halm

— Oui, tout au plus une petite vache.

Mlle Skære

— Bref, comme ils me l’ont souvent raconté, un ruisseau, une chaumière et leurs cœurs.

Falk

— Ah oui ! Eh bien ?

Mlle Skære

— Elle rompit donc avec sa famille.

Falk

— Elle rompit ?

Mme Halm

— Elle rompit avec eux.

Falk

— Oui, c’était brave.

Mlle Skære

— Et s’enfuit vers son Straamand et sa mansarde.

Falk

— Elle s’enfuit ! Sans — sans — consécration ?

Mlle Skære

— Oh fi !

Mme Halm

— Fi donc ! mon défunt mari est parmi les témoins sur l’acte !

Styver

— L’erreur est venue de ce que tu passes le fait sous silence. Dans les comptes rendus, il est très important d’ordonner correctement suivant la chronologie. Mais je ne puis jamais me mettre dans la tête comment ils en sont venus —

Falk

— Car on doit présumer que le mouton et la vache n’habitaient pas la mansarde.

Mlle Skære, à Styver

— Oh, tu dois bien réfléchir à une chose, mon ami : on n’a pas de besoin, là où l’amour règne ; deux cœurs tendres se contentent de peu. (À Falk.) Il l’aimait aux sons de la guitare et elle donnait des leçons de piano.

Mme Halm

— Aussi, cela va de soi, ils prirent à crédit.

Guldstad

— Une année, jusqu’à ce que la maison fît faillite.

Mme Halm

— Mais alors Staamand obtint une place là-haut dans le nord.

Mlle Skære

— Et dans une lettre que j’ai lue depuis il jure qu’il ne vit que par devoir et pour elle.

Falk, achevant

— Et ainsi finit le roman de sa vie.

Mme Halm, se lève

— Maintenant, nous pouvons descendre dans le jardin ; nous allons voir s’il va venir.

Mlle Skære, pendant qu’elle met sa mantille

— Il fait déjà frais.

Mme Halm

— Oui, Svanhild, veux-tu aller chercher mon châle de laine.

Lind, à Anna, sans être remarqué des autres

— Va en avant !

Mme Halm

— Venez.